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La diffusion des archives


Au Québec, depuis la publication de l’ouvrage Les archives au XXe siècle en 1982, la diffusion est devenue le point de mire de la pratique archivistique en ce sens que « l’objectif ultime de l’archiviste est de rendre accessible et de préparer à une diffusion les informations qu’elles renferment. »(Couture et al., p. 257)

Elle est définie comme « l’action de faire connaître, de mettre en valeur, de transmettre ou de rendre accessibles une ou des informations contenues dans des documents d’archives à des utilisateurs (personnes ou organismes) connus ou potentiels pour répondre à leurs besoins spécifiques » (Charbonneau, 1999, p. 374) . La diffusion comprend donc plusieurs facettes telles que la communication (l’accès aux documents), la valorisation (les activités éducatives et culturelles), la référence (l’aide aux chercheurs) et la promotion (la publicité des fonds et des services d’archives tout autant que de l’archivistique).

Dans ce contexte, l’apparition du Web et le déploiement de l’environnement numérique ont été perçus comme des moyens de donner une nouvelle impulsion à la diffusion des archives. Dès la fin des années 1990, les centres et services d’archives ont été nombreux à se doter d’un site Web (Hamel, 1998-1999; Lemay, 1998-1999 ) et à mettre en place des projets de numérisation afin de développer le contenu de leurs sites (BAnQ, 2006). Depuis, les outils numériques disponibles pour la diffusion n’ont cessé de se multiplier : expositions virtuelles et outils pédagogiques (BAC, 2008; Duhamel, 2005-2006; Giuliano et Guy, 2012), catalogues en ligne (CCA, s.d.; RDAQ, s.d.) permettant la convergence des données (Bermès, 2011), Web 2.0 et médias sociaux, blogues et microblogues, plateformes de partage de contenu (Baillargeon, 2013-2014; Giard, 2015; Le Deuff, 2006), etc. Cette profusion de moyens n’est pourtant pas sans poser problème, comme tendent à le montrer deux consultations (Berrigan, McLean et Michaels, 2014; Société royale du Canada, 2014) et une étude portant sur l’avenir des archives au Canada (Conseil des académies canadiennes, 2015) qui concluent notamment à la nécessité de revoir les pratiques des institutions en matière de diffusion pour les adapter au monde numérique et à ses contraintes.

L’ensemble des problèmes soulevés quant au rapport que l’archivistique, et la diffusion en particulier, entretient au numérique tend le plus souvent à se résumer à des questions techniques qui font l’impasse sur le cadre général de l’utilisation de ces outils : la culture numérique. Car, en effet, le numérique constitue un espace social singulier qui repose sur des technologies en réseau et sur des participants qui ont la possibilité de s’exprimer. La relation entre destinataires et destinateurs se transforme en un échange dynamique au sein duquel chacun doit pouvoir trouver une place active et pouvoir créer de nouveaux contenus à partir de ceux qui sont déjà disponibles. C’est ce qui permet à Martine Cardin d’affirmer que « les sociétés changent sous le coup d’une révolution numérique qui progressivement modifie les rapports aux autres, au temps et à l’espace. […] l’impact de la migration des pratiques sociales dans l’espace numérique va bien au-delà de l’accroissement du volume de documents exploités. » (Cardin, 2013-2014, p. 144.) Or, les archivistes tendent bien souvent à se cantonner à des questions quantitatives (nombre de documents numérisés et mis en ligne). Ainsi, ils ne prennent pas en compte, ni ne prennent en charge ce qui est transmis, les moyens de transmission, mais surtout les relations qui se mettent en place entre destinataires et destinateurs. Cet aspect socioculturel est largement oublié des études sur les archives dans l’environnement numérique du fait que l’approche privilégiée pour penser les archives est avant tout centrée sur la production des documents et la constitution des archives. Au final, les archivistes ne se préoccupent que peu de ce qui en advient une fois les murs du centre d’archives franchis.

BIBLIOGRAPHIE

BAC (Bibliothèque et Archives Canada). (2008). Centre d’apprentissage [Contenu archivé]. Repéré à http://www.collectionscanada.gc.ca/education/index-f.html

BAnQ. (2006). Dossier : Numérisation. À rayons ouverts, (68), 5-31. Repéré à https://www.banq.qc.ca/documents/a_propos_banq/nos_publications/a_rayons_ouverts/ARO_68.pdf

Berrigan, S., McLean, M. et Michaels, J. (2104, mai). Sommet sur les archives au Canada: conclusion, observations et prochaines étapes. Repéré à http://archivists.ca/sites/default/files/Attachments/Advocacy_attachments/sommet_sur_les_archives_au_canada_-_prochaines_etapes.pdf

Bermès, E. (2011). Bibliothèques, archives et musées : l’enjeu de la convergence des données du patrimoine culturel. Documentaliste-Sciences de l’Information, 48(4), 45-47.

Cardin, M. (2013-2014). Penser l’exploitation des archives en tant que système complexe. Archives, 45(1), 135-146. Repéré à https://archivistes.qc.ca/cora/afficheFic.php?fic=vol45_1/45_1_cardin.pdf&x=93e641220a3a10c5eabcf8e31f1b3e47

Charbonneau, N. (1999). La diffusion. Dans C. Couture et al., Les fonctions de l’archivistique contemporaine (p. 373-428). Sainte-Foy, QC : Presses de l’Université du Québec.

CCA (Conseil canadien des archives). (s. d.). Archives Canada. Repéré à http://www.archivescanada.ca/fr/index.html

Conseil des académies canadiennes. (2015). À la fine pointe du monde numérique : possibilités pour les institutions de la mémoire collective au Canada. Ottawa, ON : Le comité d’experts sur les institutions de la mémoire collective et la révolution numérique, Conseil des académies canadiennes. Repéré à ttp://www.scienceadvice.ca/fr/assessments/completed/memoryinstitutions.aspx

Couture, C., Rousseau, J.-Y. et al. (1982). Les archives au XXe siècle. Montréal, QC : Université de Montréal, Secrétariat général.

Duhamel, A. (2005-2006). Réalisation d’une exposition virtuelle de documents d’archives à la Ville de Laval. Archives, 37(1), 101-112. Repéré à http://www.archivistes.qc.ca/cora/afficheFic.php?fic=vol37_1/37_1_duhamel.pdf

Giuliano, F. et Guy, L. (2012, hiver). Images : le patrimoine visuel québécois en 50 000 reflets. À rayons ouverts, (88), 34. Repéré à https://www.banq.qc.ca/documents/a_propos_banq/nos_publications/a_rayons_ouverts/AR0_88.pdf

Hamel, M. (1998-1999). Enquête sur l’utilisation du Web pour la diffusion des archives. Archives, 30 (2), 43-82. Repéré à http://www.archivistes.qc.ca/cora/afficheFic.php?fic=vol30_2/30-2-hamel.pdf&usager_id=

Le Deuff, O. (2006). Folksonomies. Les usagers indexent le web. BBF (Bulletin des bibliothèques de France), 51(4), 66-70. Repéré à http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2006-04-0066-002.pdf

Lemay, Y. (1998-1999). Les sites Web des services d’archives universitaires au Canada et la diffusion. Archives, 30(1), 3-24. Repéré à http://www.archivistes.qc.ca/cora/afficheFic.php?fic=vol30_1/30-1-lemay.pdf&usager_id=

RDAQ (Réseau de diffusion des archives du Québec). (s. d.). Accueil. Repéré à http://www.rdaq.qc.ca/

Société royale du Canada. (2014, novembre). Un rapport du groupe d’experts de la Société royale du Canada sur L’état et l’avenir des bibliothèques et des centres d’archives du Canada. Ottawa, ON: La Société royale du Canada. Repéré à https://rscsrc.ca/sites/default/files/pdf/L%26A_Report_FR_FINAL_Web.pdf

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