Dans le cadre du cinéma de réemploi, « le spectateur est incité à reconnaître l’archive, selon différents mécanismes spectatoriels. Il distingue, à travers matérialité et contenu, que les films utilisés appartiennent au passé : la perception de disparités temporelles, internes et externes, va produire un effet-archive (Baron, 2012). Ce n’est donc plus seulement l’objet, le document filmique,  qui est archive, mais la sensation que l’œuvre produit qui va déterminer l’archive aux yeux du public. Cette reconnaissance va générer de l’émotion, à travers un pouvoir d’évocation ». ( , nous soulignons)

Un effet-archive qui découle « du pouvoir qu’exercent les archives sur notre sensibilité et notre perception. Un pouvoir alimenté par la dimension matérielle des archives en tant qu’objet, par les éléments du dispositif servant à la présentation des documents d’archives et par la propension du spectateur, d’une part, à reconnaître avant de connaître, c’est-à-dire à percevoir comme archives des documents qui correspondent à l’image, à la représentation mentale qu’il se fait de l’archive et, d’autre part, à établir instinctivement  des liens au sein d’ensemble de documents, à chercher à donner du sens  car “ c’est le cerveau qui, indépendamment et sans aucune obligation, cherche des explications, des liens, des histoires parmi des compilations d’images  et qui les trouve ” ». (Spieker 2008, p. 139, notre traduction, cité dans Lemay, 2010, p. 235)

On assiste à un engouement pour ce « goût de l’archive » (Farge, 1989),  cet « effet d’archive » (Baron, 2014) qui a « aujourd’hui atteint les archives photographiques, cinématographiques et télévisuelles ». (Maeck et Steinle, 2016, p. 11) Dans ce contexte, l’utilisation des documents audiovisuels  d’archives est « autant une question d’émotions qu’une question de pouvoir et de maîtrise de la mémoire. » (Maeck et Steinle, 2016, p. 12) On parle aussi, surtout en ce qui a trait aux images, d’affect de l’archive.