ARCHIVISTIQUE (APPROCHES OU VISIONS)
Dans une approche ou vision classique de l’archivistique, les archives définitives, aussi appelées archives historiques, possèdent cinq principales caractéristiques : « 1) de par leur caractère organique, elles sont considérées comme le reflet fidèle de leur créateur ; 2) elles constituent un tout, un ensemble clos sur luimême sur le plan de la signification ; 3) elles ont pour fonctions la preuve, le témoignage et l’information ; 4) leur utilité ou finalité est déterminée en regard du contexte de l’administration et de la recherche ; et 5) elles représentent l’étape finale, l’aboutissement du cycle de vie des archives. » (Lemay, 2015, Préparer, p. 292–293, nous soulignons)
Pour les tenants d’une approche ou vision postmoderne de l’archivistique, leur point de vue est tout autre : « 1) sous des dehors de neutralité et d’objectivité, les archives sont en fait le fruit d’un processus de construction de la réalité auquel l’archiviste participe ; 2) les archives ne sont jamais véritablement complètes puisque, en plus d’être mises en rapport avec d’autres documents dans les collections, elles sont susceptibles d’être réactivées selon les besoins des utilisateurs ; et 3) de par ce caractère en devenir, elles sont ouvertes à l’interprétation, sensibles aux contextes selon lesquels elles sont interrogées et utilisées. » (Lemay, 2015, Préparer, p. 293)
« Ainsi nous avons d’un côté, une conception centrée sur un objet concret lié au geste producteur des documents et donc au passé ; de l’autre une vision dont l’objet est abstrait, toujours en devenir et où l’archiviste et son rôle social sont placés au cœur de la réflexion. Or, penser les archives de manière unilatérale, théorique (postmoderne) ou empirique (classique), apparaît réducteur du fait qu’elles sont à la fois matière et pensée, concrètes et abstraites. » (Klein, 2013–2014, p. 216)
« En d’autres termes, le contexte de création des documents tout autant que leur contexte d’utilisation, le passé autant que le présent sont déterminants dans la compréhension des archives. » (Klein, 2013–2014, p. 217)
« En effet, si les archives ne peuvent être comprises en dehors de l’ensemble des pratiques et des discours qui les investissent, elles n’ont de réalité que dans l’actualisation des possibles qu’elles proposent à un moment et dans un contexte particulier. Dans cette perspective, le point central devient l’exploitation même des documents qui varie en fonction du moment historique qui détermine à la fois l’objet et la subjectivité qui le travaille. Finalement, la lacune, le point aveugle, de chacune des visions des archives (classique et postmoderne), réside dans l’utilisation qui est faite des documents. » (Klein, 2013–2014, p. 217, nous soulignons)
« Klein invite à concevoir la transmission du passé non plus comme un héritage à constituer et à conserver, mais comme une “ tradition à porter dans le temps ” par la transmission des expériences et des récits suscités par les archives […] C’est là un renversement de perspectives qui positionne l’exploitation, soit les actes dynamiques d’utilisation et de réénonciation des archives, “ au cœur de toute pratique archivistique et de toute pensée des archives ” ». (Klein, 2014, p. 250, 264, cité dans Brochu, 2019, p. 48)
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