CONDITIONS D’UTILISATION

CONDITIONS D’UTILISATION


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« [L]orsque quelqu’un utilise un document d’archives, et ce, peu importe ses intentions, il ne peut le faire sans par la même occasion inscrire ce document dans un réseau de relations. » (Lemay, 2010, p. 235)

Les conditions d’utilisation se déclinent en quatre aspects : le contexte  d’utilisation, la matérialité des documents (ou l’objet), le dispositif et le rôle assigné au public. Le contexte d’utilisation est l’appropriation du document dans un contexte différent de celui de sa création ou de sa transmission  qui lui confère une signification particulière en fonction d’un champ, un  domaine, un discours particulier. Par ailleurs, il faut différencier les contextes de production (ou d’inscription), de conservation (ou de transmission),  de diffusion et d’utilisation (ou d’exploitation).

La matérialité des documents réfère à la prise en compte de l’aspect physique, esthétique, artéfactuel des objets dans le contexte d’exploitation des archives. Par exemple, les différents contextes d’utilisation et leurs dispositifs d’exploitation ne font pas appel à la matérialité du document de la même façon. Notons que cette matérialité se transpose aussi dans le numérique.

Le dispositif se compose des divers éléments qui servent à la présentation de l’archive. « Pensons entre autres, dans le cas d’une photographie, au titre, à la légende, au texte et aux autres images pouvant éventuellement y être juxtaposées » ainsi qu’aux éléments servant par exemple « à leur mise en exposition ou encore à leur publication ». (Lemay, 2010, p. 236–237) Toute exploitation s’insère dans un dispositif technique, un dispositif de « recontextualisation » (Treleani, 2014, p. 109) qui sert à transposer et mettre en scène les archives dans un autre contexte que celui de sa production ou de sa transmission. Par ailleurs, il faut établir la différence entre  le dispositif de production, de transmission, de diffusion et d’exploitation.  Il y a aussi plusieurs niveaux de granularité d’analyse du dispositif selon qu’on se concentre sur l’utilisation, l’usage ou les pratiques.

Le rôle assigné au public correspond à l’interaction ou la réaction réelle ou attendue des usagers avec les archives, le rôle qu’on leur donne ou qu’ils se donnent dans un contexte d’exploitation. L’usager ou le spectateur « ne fait pas que recevoir passivement un ensemble de faits, de relations  préalablement établies et finies. [… Le] spectateur contribue autant qu’il  ne reçoit. À commencer par sa capacité à reconnaître l’archive. » (Lemay, 2010, p. 237) Pour penser cette activité spectatorielle des usagers, il faut

« s’appuyer sur l’activité des membres des publics » et porter attention  « aux “ dispositifs intermédiaires ”, car l’objet n’est jamais compris, interprété  ou aimé seul, mais dans un contexte. » (Esquenazi, 2013, p. 17) Le rôle assigné  au public découle donc des éléments d’analyse précédents (contexte, matérialité et dispositifs), éléments qui attribuent au spectateur un certain  rôle à travers ce qui est possible de faire ou de voir et ce qu’on attend du  spectateur ou de l’utilisation. Ces activités et contextes peuvent être envisagés à travers la « communauté d’interprétation », notion qui regroupe les membres du public selon qu’ils partagent un même point de vue sur un objet, par exemple un film : « Ces communautés d’interprétation ne sont pas des ensembles préétablis mais le résultat de réactions identiques à un objet donné. »  (Carnel, 2012, p. 189) Avec le numérique, ces communautés vont plus  loin que l’interprétation, car le milieu numérique permet l’appropriation  des documents d’archives à travers leur exploitation.

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