CHAMPS D’EXPLOITATION

CHAMPS D’EXPLOITATION


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« [N]ous proposons six grands champs d’exploitation des archives en général que nous appliquons aux archives audiovisuelles en particulier : 1) exploitations juridiques, judiciaires ou politiques, 2) exploitations administratives, 3) exploitations communicationnelles, 4) exploitations scientifiques, 5) exploitations socioculturelles et 6) exploitations artistiques. Chaque champ instaure un rapport différent avec les archives qui se manifeste par leurs différentes conditions d’utilisation, dans lequel le rôle du spectateur varie. Chaque champ suppose une certaine vision du document qui met en perspective des modalités  d’exploitation faisant appel à des caractéristiques particulières des documents.

Les exploitations juridiques, judiciaires et politiques correspondent aux usages liés aux fonctions de preuve ou à la valeur légale des documents. […]  Les archives peuvent être utilisées pour revendiquer des droits, pour défendre une cause, pour prouver l’existence d’un fait. Les utilisations ont lieu dans  les contextes juridique, judiciaire, légal, administratif et politique. La matérialité du document sert à établir l’authenticité et la validité du document (qui a ici une fonction indicielle) et sa valeur probatoire. Les dispositifs d’exploitation sont juridiques, judiciaires et légaux. […] Le rôle assigné au public est celui  de juge : le public, par rapport aux documents, est en position spectatorielle  de juger de la recevabilité des représentations et significations portées par  les archives. Les contextes, les dispositifs et la matérialité tendent à convaincre que le document est une preuve.

Les exploitations administratives […] correspondent aux usages liés à la valeur primaire et

aux fonctions d’information des documents. […] Les utilisations ont lieu dans les contextes institutionnel, organisationnel, fonctionnel, informationnel, professionnel, bureaucratique, technique et de gestion et le plus souvent en lien avec les archives courantes. La matérialité du document sert  de support pour l’information. Les dispositifs d’exploitation sont opérationnels, administratifs, institutionnels, organisationnels. […] Le rôle assigné au public est celui d’usager producteur ou de client. Les contextes, les dispositifs et  la matérialité tendent à répondre aux besoins fonctionnels et informationnels  des usagers. […]

Les exploitations communicationnelles regroupent les utilisations liées aux domaines médiatiques (de la communication, de l’information, des TIC, etc.) […]. Dans ce champ d’exploitation, les utilisations ont lieu dans le contexte médiatique à des fins d’information factuelle ou descriptive. Les fonctions  de preuve et d’information sont mises de l’avant. […] La matérialité a ici fonction de trace d’un événement et support du contenu. Les dispositifs d’exploitation sont médiatiques et axés sur la transmission d’un message. […] Le rôle assigné au public est celui de récepteur d’un message. Les contextes, les dispositifs et la matérialité tendent à communiquer, illustrer, informer, convaincre le grand public. Les exploitations scientifiques comprennent entre autres les exploitations  en sciences, par exemple en sociales et humaines […], mais incluent aussi  tout autre type de recherche scientifique ou technique utilisant les archives comme sources de données. Dans ce champ d’exploitation, les utilisations  ont lieu dans les contextes scientifiques comportant une analyse poussée et le plus

souvent en lien avec les archives définitives, par exemple en histoire, anthropologie, ethnologie. La matérialité peut prendre ici une autre fonction  que celle de support ou de trace en devenant source de connaissance.  Les dispositifs d’exploitation sont scientifiques et axés sur le savoir et la connaissance. […] Le rôle assigné au public est celui de récepteur du savoir.  Les contextes, les dispositifs et la matérialité tendent à montrer, démontrer, expliquer, analyser un phénomène dans le cadre de discours disciplinaires s’adressant à un public souvent expert et scientifique. […]

Les exploitations socioculturelles regroupent ce qui a trait à la dimension  collective du patrimoine culturel transmis de génération en génération,  autrement dit, ce qui contribue à la mémoire et l’identité d’une société,  d’une personne morale ou physique, d’une famille, d’une communauté,  d’une culture. […] Les utilisations ont lieu dans les contextes sociétal,  identitaire, patrimonial ou généalogique. La matérialité peut ici témoigner  de pratiques et aussi comporter une valeur artéfactuelle qui lie le spectateur au passé. Les dispositifs d’exploitation sont sociaux, patrimoniaux, culturels, ludiques. […] Le rôle assigné au public est celui de participant de la mémoire  ou d’une identité culturelle ou sociale.

Les exploitations artistiques réfèrent à l’utilisation des archives ou du concept d’archives à des fins de création artistique. […] Elles comprennent aussi les exploitations à des fins ludiques […]. La matérialité est mise de l’avant, car les exploitations artistiques exploitent souvent le support et la forme du document. Des exemples de dispositifs sont des installations, spectacles, concerts, concours, albums, livres, films, sites web. Les publics peuvent entretenir avec les archives différents rapports selon le contexte, la matérialité et le dispositif choisis  par l’artiste. Le rôle assigné au public est celui d’usager indirect, de spectateur. »  (Côté-Lapointe, 2018, section 4.3.2. Les champs d’exploitation, nous  soulignons)

(Voir Cadre de référence / Champs d’existence)

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